samedi 24 novembre 2007

En pleine lutte des cheminots, la présidente du MEDEF en rajoute une couche dans Libération du 21 novembre: S’exprimant à propos du pouvoir d’achat, elle déclare: «C'est vrai qu'il y a un problème de pouvoir d'achat (...), c'est un ressenti totalement objectif». Elle précise «la vraie question n'est pas comment je contribue à ce qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, mais comment je contribue à ce qu'il y ait plus de croissance»… ce qui, soit dit en passant, montre qu’elle a tout compris quant à la préservation de l’environnement… "Pour moi, il y a deux axes principaux à travailler: comment on fait pour baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises, c'est prioritaire, et deuxième chose, n'est-il pas temps d'aller plus loin sur la question de la durée du travail ?". "Je me demande s'il ne faut pas accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail", a-t-elle déclaré. Tout le monde voit bien que le mécanisme des heures supplémentaires n'est pas suffisant". Les dispositifs permettant déjà aux entreprises de travailler au-delà de 35 heures par semaine sont "rébarbatifs" et l'utilisation du contingent d'heures supplémentaires autorisé (220 heures/an) est "très lourd, car il suppose des négociations de branche", a-t-elle ajouté. "Ma préconisation, c'est de rendre les choses beaucoup plus simples en balayant tous ces mécanismes très complexes, et en revenant à la détermination du seuil de déclenchement des heures supplémentaires, branche par branche, ou entreprise par entreprise", "Je sais autour de quoi certains ministres réfléchissent depuis quelque temps, et la question de la durée du travail est un axe de réflexion" Autrement dit, au nom de la Liberté (elle a bon dos!), de l’efficacité, de la simplicité, cette déréglementation du «marché de la force de travail» va livrer pieds et poings liés les salariés au bon pouvoir patronal. LE PIEGE DES NEGOCIATIONS En effet que penser de responsables politiques qui disent: «D’accord pour négocier, mais de toute manière nous ne reculerons pas sur ce que nous comptons faire »? La capitulation des syndicats face à l’intransigeance du Gouvernement/patronat va faire «jurisprudence» politique. Cette lutte de novembre 2007 va faire date en montrant que l’intransigeance paye et en montrant qu’en face les organisations syndicales cèdent. La limite entre ce qui devrait être un compromis résultat d’une négociation et une compromission est bien difficile à établir. Tout se joue sur les nuances, les déclarations… et dans l’infini des subtilités trouvées par le Gouvernement, le patronat et les syndicats on veut nous faire croire que l’on ne sait plus très bien qui gruge qui… chacun suggérant qu’il y a recul de l’autre. La négociation n’est pour le gouvernement qu’un prétexte pour faire croire qu’il entend, qu’il écoute et qu’il propose. Pour le syndicat c’est une manière de ne pas perdre la face alors qu’il y laisse la chemise, le pantalon et même le reste. Le terme même de négociation perd tout son sens. Non seulement le gouvernement et le patronat n’ont rien à négocier, ne veulent plus négocier, mais plus grave,… savent qu’en face, les organisations syndicales ne font plus le poids, ne peuvent se raccrocher qu’à une «négociation» forcément bidon et deviennent l’instrument de la démobilisation des assemblées générales petit à petit isolées et finalement désavouée. ..; Le défi, comme on le voit, dépasse largement les capacités et les stratégies syndicalo-politiques mises en œuvre jusqu’à présent. Relever ce défi va exiger autre chose que ces pratiques d’un autre temps que nous venons de voir dans les dernières mobilisations. Supprimer les acquis sociaux, c’est, de fait, revenir aux conditions sociales du 19e siècle. Il est à craindre que, du côté du gouvernement et du patronat le pli soit pris et la leçon tirée. Le grand projet de démantèlement est, si j’ose dire, sur les rails… les conditions politiques, économiques, idéologiques et stratégiques sont favorables aux liquidateurs. D'après Patrick MIGNARD

Aucun commentaire: