lundi 5 mai 2008
Les révoltes dans divers pays révèlent une crise alimentaire mondiale.
La faiblesse des stocks provient en partie de phénomènes nouveaux : une demande forte en céréales et oléagineux pour l'alimentation, une demande en hausse pour la production d'agrocarburants industriels et des accidents climatiques qui ont diminué les récoltes sur certains territoires de la planète.Les nouvelles tensions sur les marchés révèlent surtout des problèmes structurels, issus de choix basés sur la croyance des bienfaits pour l'humanité de la libéralisation des marchés agricoles et de la marchandisation tous azimuts.
Les pays pauvres réorientent leurs productions agricoles vers l'exportation, délaissent leurs cultures vivrières, augmentant leur dépendance aux marchés extérieurs, l'agriculture paysanne des pays du Sud se retrouve sans protection, en compétition directe avec l'agriculture subventionnée et industrielle des pays du Nord, la spéculation sur les marchés de matières premières accentue l'instabilité des prix et de nombreux pays, en soutenant les agrocarburants, répondent aux intérêts des multinationales et mettent en danger la sécurité alimentaire mondiale. Tandis que leur bilan carbone est contesté dans la plupart des cas, les cultures intensives d'agrocarburants concurrencent directement les productions alimentaires et favorisent la hausse des prix et la spéculation.
Pour toutes ces raisons qui n'ont rien de conjoncturel, il est à craindre que l'extrême pauvreté et les conflits régionaux ne fassent que s'aggraver. Seules des mesures cohérentes, en rupture avec les politiques libérales actuelles, peuvent permettre d'endiguer la catastrophe qui s'annonce :
− une régulation mondiale des marchés agricoles avec le recours aux stocks publics dans le cadre d'une instance internationale sous l'autorité des Nations unies : elle doit permettre une régulation des prix mondiaux compatible avec l'intérêt général et l'instauration d'une fiscalité procurant les ressources publiques pour satisfaire les besoins en développement des pays du Sud ;
− la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, c'est-à-dire le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur propre politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers ;
− l'annulation de la dette des pays pauvres et l'augmentation substantielle de l'aide publique, à commencer par celle de l'Union européenne et de ses États membres, qui est aujourd'hui en diminution ;
− un moratoire pour suspendre la production d'agrocarburants et expérimenter des solutions alternatives, comme le propose Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation.
Enfin, la crise alimentaire ne peut être résolue au détriment des impératifs écologiques, notamment par la déforestation et le développement des OGM. La crise climatique et l'épuisement des sols sont autant de facteurs qui, au contraire, accentuent la crise alimentaire. Les solutions résident dans des pratiques agricoles écologiques et sociales. Elles nécessitent en particulier une réorientation de la recherche publique agronomique et des politiques agricoles et alimentaires dans leur ensemble.
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