mercredi 21 novembre 2007

Selon l’actuel gouvernement, l’université est une institution trop inutile, produisant des étudiants incapables de s’adapter au marché du travail. Elle doit prendre pour modèle le rythme de l’embauche, les échelles d’évaluation ordonnées par le marché de l’emploi. La loi scélérate LRU donne un pouvoir de décision aux entreprises au sein même des formations, transforme le président d’université en potentat local, met les universités en concurrence en supprimant les diplômes nationaux, et précarise tous ceux qui y travaillent. Ce n’est pas une réforme de plus des universités, c’est leur arrêt de mort, leur destruction pure et simple. Nous connaissons aussi bien que ceux qui nous gouvernent le fonctionnement du marché du travail et du capital. L’indécence avec laquelle ils prétendent sans cesse vouloir nous l’apprendre est devenue absolument intolérable. Nous sommes des étudiants, des personnels, des chercheurs, et nous sommes aussi des précaires, des professionnels, des chômeurs, des sans papiers. Les étudiants arrachent le temps de lire au temps d’un boulot mal payé, précaire, ou à l’angoisse du chômage et de la recherche d’emploi. Les étrangers courent pour rassembler les pièces administratives qui immanquablement manquent à leur dossier. Les enseignants lisent et écrivent entre deux rendus d’évaluation de maquette. La peur de ne pas avoir d’avenir prétend régner en maître : on nous menace de toutes parts, santé, éducation, retraite. Cette loi décide brutalement que les facs n’existent que pour ce que l’on fera plus tard, et non pour ce que l’on y fait : étudier. Elle prétend nous tourner vers l’avenir pour mieux nous détourner d’étudier. Nous décidons de ne pas céder à ce chantage, nous nous décidons aussi contre la charité des patrons locaux et des parrains du gouvernement. Nous trouvons grotesque que l’on veuille nous faire quémander de l’argent privé pour “amoindrir” les ravages causés par ce même argent privé. Notre force tient en un point situé hors de ce cercle vicieux, dans la vérification intransigeante d’un principe simple et sans condition. Le droit à l’étude pour tous, c’est-à-dire pour n’importe qui : chômeurs, bacheliers, étrangers, salariés. À partir de ce principe s’affirment tous les autres points : il exige que soit honorée la gratuité propre à la recherche, qu’il y ait un financement public pour l’éducation supérieure, des bourses d’études, des logements… La loi LRU est la mise en œuvre immédiate de la liquidation de l’Université . Si nous cédons sur ce point, nous disparaissons. Le département de philosophie en grève, le 12 novembre 2007

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